lundi 26 avril 2010

A Nassogne - Le cinquième jour

Didier de Lannoy
A Nassogne
sous-titré Presque un mois chez Gougoui Kangni
roman,
avec des personnages réels, se passant en un lieu précis, à une époque déterminée
2005-2006
Extraits

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Le cinquième jour


Je me réveille à six heures. Une heure plus tôt que la veille et l’avant-veille. Je gagne une heure !

La brume matinale ne s’est pas encore levée.

Je me rase, je me lave (pas dans la première salle de bain du grand couloir dont le robinet tourne quelquefois le dos au lavabo) (mais dans la deuxième, celle où Sukina s’était enfermée il y a trois ans et dont elle n’arrivait plus à ouvrir la porte) (Gougouiii !), je nettoie un slip (noir !), je prends mon café, je bois même un verre de jus d’orange.

Des fleurs s’envolent et ce sont des papillons (j’ai déjà écrit ça quelque part, non ?) (ou quelqu’un d’autre a écrit ça ailleurs, oui ?) (je deviens sénile, je me copie, je me sample, je radote ?) ;

Tout le monde se porte bien.

- Et comment va Mawussi, douchka ?

- Personne ne l’a embêtée, hier soir, sur la route de Badja. Mais Gougoui l’avait laissée partir un peu plus tôt.

Et je reçois la visite de Maître Benoît. Introduit par Kafui. Portant une radio à la main. Bien sapé. Comme un tailleur endimanché ? Je le félicite pour le travail accompli (les deux vieux frocs qu’il m’a réparés hier) et je lui commande quatre pantalons wax.

- Vous avez le tissu ?

Je n’ai pas le tissu et je lui donne une avance pour qu’il achète ça à Lomé ou ailleurs.

- Des trucs simples. C’est pour la maison. Même avec des chutes. A Kinshasa, on fait de splendides pièces de tissu avec des chutes de pagnes (ou d’autres étoffes). On appelle ça des zoba-zoba.

Maître Benoît aimerait beaucoup visiter le Congo. Il a d’abord travaillé comme tailleur à Lomé. Mais, depuis près de cinq ans, il s’est installé chez lui, à Badja.

Badja est un très grand village. Mais c’est aussi une ville (avec des tailleurs, un gendarmerie, un dispensaire, une pharmacie, un marché, un collège d’enseignement général C.E.G., plusieurs écoles primaires, de petits commerces, des « églises », des bars, des téléphones fixes, des taxis et des Zémidjans qui transportent les gens de Badja dans les villages des environs…) (et bientôt le courant électrique qui arrivera directement de Lomé !) (les poteaux sont déjà plantés et les câbles fixés…) (et cinq cent mètres d’asphalte jusqu’à la résidence du chef canton… et des routes de terre plutôt cabossées…). Un grand bourg, quoi ! Une ville rurale de deux mille votants, me dit Fo Bomboma.

Un Yovo mofo demande des précisions.

- Deux mille « votants », cela doit faire environ mille « feux »… et donc, à tout le moins, une population de cinq à dix mille personnes… si on ajoute aux adultes « votants » stricto sensu les enfants et les jeunes gens qui ne sont pas encore à l’âge de voter… plus les Ghanéens, les Burkinabés, les Béninois, les Nigérians et les Nigériens éventuels… et tous ceux qui ne sont pas inscrits… mes calculs sont exacts ?

- Oh, ça va, ça va ! Tu me prends la tête, Yovo ! Je ne suis pas démographe… ni flic du recensement…

Un chef-lieu de canton.

Non, Badja n’est pas un village. Ce qu’on appelle un village dans les environs, ce sont plutôt des hameaux.

Neuf heures du matin (dix heures à Ixelles-Matonge). Message d’Ana sur le portable (ça m’étonnerais que tu sois déjà réveillée, petite chérie) (tu as dû m’envoyer ça hier soir, non ?) (ou peut-être as-tu passé une nuit blanche ?).

- Césarine est venue hier et Lamin Kora arrive bientôt pour quelques jours. Pas moyen d’avoir la paix.

Je prends bonne note (on s’occupe de toi !), je transcris sur mon ordinateur mais je ne te réponds pas. Je ne sais pas comment envoyer de SMS (ou je n’ai pas trop envie de savoir ?) ! Et je ne te poserai donc pas les questions suivantes auxquelles, bien sûr, tu ne répondras pas.

- Césarine a vu Kabeya, petite chérie ? Elle est prête pour son défilé de mode de demain soir ? Elle part toujours au Mali, le cinq, rejoindre Vincent ? Et toi, tu y vas finalement à Farciennes ? Françoise et Kabeya ont pu se parler ? Et qu’en est-il de ton programme de virées nocturnes (ou diurnes) avec ou chez Antoinette Safu, Malou Fontier, Monique et Lisette Fodderie ? Comment se portent Marie-José et Rachou ? Et Ben Mavinga alias « Ben Popotin » ? Et comment vont Alain et Françoise (et Arno) ? Et JPJ, dit le Grognon, alias « sans famille » ? Djuna et Lianja ont-ils pris l’habitude de remplir et de vider le lave-vaisselle ? Et de nettoyer la cuisine ? Soumaya commence-t-elle à donner des coups de main ? Tu n’as pas oublié de confier de petits contrats à Lianja pour qu’il puisse mettre un peu d’essence dans le réservoir de sa voiture ? Tu as des nouvelles des filles (Hortense et Nadine) et d’Eric ? Tu es toujours sous contrôle (« la confiance n’exclut pas le contrôle » disait Sekou Touré) et Nadine continue donc de te téléphoner tous les jours ? Et la santé de la maman d’Alice, Eric te tient au courant ? Et le bouquin de Kankwenda, ça marche (n’oublie pas d’en vendre un à Kabeya) (et de lui en confier un autre pour Nzeza) (ofele !) (c’est moi qui le lui offre !) ? Nzema Omba t’a-t-il contactée ? Quand Kabeya part-il à Luxembourg ? Et pour combien de jour ? Tu m’aimes ? Tu es allée au Carrefour ?

- Chez Vieux Henri et Honorine ?

- Mais non, petite chérie, au supermarché d’Auderghem, acheter de l’encre pour l’imprimante (Sukina et Princesse en auront sûrement besoin) (des recherches à effectuer sur Google et des textes à sortir), voir le prix des fours à micro-ondes (tu m’as dit que l’appareil de Marychelo nous avait pété dans la gueule, non ?).

- Et avec Gougoui, comment ça se passe ? Il te supporte toujours, douchka ?

- Nous sommes (très !) contents l’un de l’autre. Mais je parle pour moi, il faudrait peut-être lui demander son avis !

- Et tu ne commences pas à t’embêter ?

- On n’a jamais le temps de vraiment s’emmerder à Nassogne, petite chérie. Il y a toujours quelqu’un à rencontrer, quelque chose à apprendre, une histoire à entendre. Je sais déjà ce que je vais écrire sur le mur d’honneur : « A Nassogne, presque un mois chez Gougoui Kangni. Que d’histoires à raconter ! J’en ai fait tout un livre ».

- C’est pas terrible. Tu peux faire mieux.

- T’as qu’à m’aider, petite chérie !

- Et quel autre souvenir impérissable comptes-tu laisser là-bas, douchka ?

- Je serai l’homme qui buvait du café tout la journée (le soir venu, le bonhomme passait quand même à des choses plus sérieuses, le sodabi, le tchoukoutou) (et surtout le deha) (et, très exceptionnellement, la bière) et qui allait souvent aux toilettes ! Il faut dire que, des chiottes, il y en a vraiment partout !

- Et pourquoi alors te soulages-tu, parfois, le long de l’enclos des chèvres et des canards (et des poules) ou dans le petit bois d’eucalyptus ? Au lieu d’utiliser une des treize toilettes (sans compter les french cabinets) (il doit y en avoir aussi, non ?) (que les Français appellent des cabinets turcs et les Turcs, des cabinets français) mises à la disposition des clients ou du personnel ?

- C’est pour marquer mon territoire (et ma différence ?) et pour faire de la résistance !

- Et contre quoi prétends-tu résister, bandecon ?

- Contre la porcelaine et les nouvelles technologies qui me prennent la tête et me laissent au bord de la route, criblé de chevrotines !

- Ça ne t’empêche apparemment pas de taper sur ton nouvel ordinateur, ni de recevoir mon SMS, ni de prendre l’avion pour Lomé ! Mais, dis-moi, à propos, ton couteau d’Air France, tu l’as retrouvé ?

- Pas encore, petite chérie. J’imagine qu’il doit se terrer au fond d’un des mes bagages et qu’on me le confisquera à l’aéroport, au retour ? Tu m’aimes ?

- Fait pas chier !

Ah, le café et la prostate ! La jambe droite de mon pantalon n’est pas encore sèche que, déjà

- La maladresse et la précipitation, petite chérie ?

- Tu ne pourrais pas pisser tout droit, comme tout le monde, non ? C’est interdit, oui ?

je dois retourner pisser !

Dix heures trente. Gougoui part au Quilombo. Une livraison de boissons (achetées hier au dépôt d’Assahoun) à effectuer. Je lui demande de m’acheter des clopes. Sur la route. Chez ma « cliente » habituelle, quoi ! Je suis un enfant de la guerre (laquelle ?) et, soixante ans après, j’ai toujours peur de « manquer » de quelque chose ?

Bon, puisque Ana a été gentille aujourd’hui, je veux bien lui faire encore un peu de lecture (mais je ne suis pas sûr que ça cognera autant qu’hier).

Je zappe le sport, le business, la justice et la politique. Je zappe « les fracassantes révélations du gendre de l’ex-président du Zaïre » (dans Motion d’information). Je zappe le sida, les mariages blancs, les poèmes à la con, la campagne de sensibilisation contre les fistules, les pages en Anglais, en Ewe et en Kabye (langues que, honteusement, je ne parle ni ne lis), la rubrique nécrologique (exhaustive !) (au Togo tous les morts sont grands, il n’y a pas de petits morts) de Togo-Presse…

Et je te lis, dans La Dépêche, sous la signature d’Eric Tanade, que les paysans des régions Centrale, des Plateaux et de la Kara redoutent l’invasion des Peuhls nomades (appelés Matchangas). Pour la plupart originaires du Niger, les Matchangas déferlent au Togo, chaque année, entre novembre et juin, avec des troupeaux de bœufs qui dévastent les champs de mil, de maïs, d’igname, de manioc et de haricots… Et sont accusés de violer les femmes et de menacer les hommes qui défendent leurs champs… Eleveurs contre planteurs, comme au Far West…

- C’est même pas drôle, bandecon !

Je te lis, dans Crocodile, sous la signature de Jean-Darius Edem, les mésaventures de la maman de Mimi qui (« ne sais-tu pas que je t’aime » avait-elle déclaré au jeune homme) (lequel avait répondu qu’il la « comprenait » et… « c’est tout ») (mais qui avait quand même laissé sa porte ouverte) était tombé amoureuse d’un de ses locataires (« très élégant, la démarche assurée, le visage d’un intellectuel, le sourire envoûtant ») (venant « d’obtenir une maîtrise en gestion » et effectuant « un stage dans une banque de Lomé ») et dont le mari, un prénommé Simplice, s’était absenté le samedi soir du week-end dernier (pour aller boire du sadabi ou du tchoukoutou) (ou draguer quelle autre minette dans quel autre lieu de plaisir ?) (au Quilombo ?) (à l’Aquarius ?). Mais je ne te les raconterai pas, ces mésaventures-là. Tu n’as qu’à te les imaginer ! Allume ton groupe électrogène ! Ah oui, je ne dirai rien non plus de « L’allumeuse » (faisant l’objet d’un billet signé Fo. B dans la chronique « ça va se savoir ») dont il est question dans Liberté Hebdo, oh !

- Tu es vachement frustrant !

Je te lis, dans Nouvelle ère, sous la signature de Rudyie, que dans une vieille et respectable institution scolaire située au cœur de la ville de Lomé, les surveillants ont l’habitude, à l’époque des examens, de fouiller au corps les élèves suspectés de tricherie (les palpant, recherchant dans toutes les poches des chemises et des pantalons les bouts de papier et les fameuses « disquettes »). Mais, curieusement, ils ne s’en prennent qu’aux « élèves garçons ». Galanterie ou discrimination ? Crainte d’un procès pour harcèlement sexuel ? Et pourtant, s’interroge le journaliste, les garçons ne pourraient-ils pas aussi se plaindre d’attouchements sexuels « avec penchant de pédérastie » ?

- Ouais…

Quinze heures. Un coup de klaxon à la barrière. Discret. Une voiture se parque. Un break Deux hommes et une femme descendent, contemplent de loin la rotonde (et paraissent très impressionnés). De nouveaux clients ? Sans doute ont-ils entendu la publicité passée par radio Nana FM ?

Guidés par Yao-le-cuisinier (qui raconte l’histoire et la géographie de la propriété, vante les plats qu’il prépare et qui figurent au menu), les visiteurs pénètrent à l’intérieur de la bâtisse principale, jettent un coup d’œil dans les chambres (mais n’osent pas entrer pas dans la mienne dont la porte est pourtant grande ouverte), montent à l’étage, ressortent, font le tour de leur voiture, repartent en direction des bungalows, gloussent, contournent le rêve de piscine de rêve, se dirigent vers la grande paillote du haut du parc, retournent sur leurs pas, font à nouveau le tour de leur voiture (madame avait oublié son sac ? monsieur avait oublié son portable ? et l’autre monsieur son portefeuille ?), reprennent la direction de la grande paillote ou d’un bungalow ?

Je poserai la question tout à l’heure (à Yao-le-cuisinier ?)…

Mais non… Ce n’est pas la peine, je sais déjà tout… A peine une demi-heure après leur arrivée, les voilà, en effet, qui s’en vont… Ils étaient tout simplement assis sous la grande paillote (le coin préféré des petits groupes ?) (le confessionnal des dragueurs ?)...

Il est bientôt seize heures et Gougoui n’est pas encore

- Tu ne vas pas commencer, douchka !

revenu de Lomé (en fait il était déjà rentré depuis une demi-heure mais il s’était parqué derrière, près de la cuisine, dans son « espace privé » et je ne l’avais pas entendu arriver).

J’entends Bull aboyer. Quelqu’un peut-être ? Maître Benoît a (déjà !) achevé de coudre mes quatre pantalons wax ? Non, je débloque !

Gougoui vérifie l’état d’avancement des travaux de construction de l’atelier-salon de musique.

- Il s’agit de faire vite. Demain, le menuisier doit venir prendre les mesures. Tout doit être terminé avant l’arrivée de Nicole. Elle va adorer (à condition que les travaux soient complètement finis) !

- Je ne veux pas en entendre parler !

Maçonnage. Plafonnage. Crépissage. Deux sacs de ciment ont été légèrement mouillés par la pluie de jeudi soir. Kumi (ou Komi) (ou Kuami), le maçon, était occupé sur un autre chantier et n’a pas pu venir travailler hier. Il était indispensable qu’il vienne bosser aujourd’hui.

Il est venu.

Quatre sacs de citron (cueillis ou ramassés par Fo Bomboma) attendent « le commissaire » sur la terrasse. Viendra-t-il les chercher aujourd’hui ou demain ?

Et voilà que, subitement, ce reportage (cet espionnage ?) m’épuise…

et commence à m’ennuyer…

Puis-je envisager, demain dimanche, de passer la journée entière à essayer d’amener plus loin certains de mes « Contes d’apnée » (et de les crisper davantage et de les pousser à bout) (jusqu’à leur faire atteindre un point de rupture ou de non-retour) (jusqu’à l’orgasme et la mort) ? Ou (ça me prendra moins la tête) à mettre de l’ordre alphabétique dans mon carnet d’adresses Outlook et à le compléter (j’ai tout un paquet de mails et de numéros de téléphone notés sur des fiches, des cartons de bière, des cocottes ou des serviettes en papier, des cartes de visite, du PQ, etc). ?

Mais avant d’aller te coucher, petite chérie

- Pourquoi toujours rapetisser les gens qu’on aime, douchka ?

- Et alors, le « douchka » dont tu me gratifies si généreusement, petite chérie, c’est pas un nom de gonzesse, ça ?

- Azui !

- Salope !

fais-moi un gros bisou et n’oublie pas de me poser la question du soir.

- Gougoui et toi, qu’est-ce que vous avez mangé ?

Et d’entendre ma réponse (qui devrait te faire saliver) (si seulement tu étais bonne joueuse !).

- Des frites de bananes plantain (marinées au préalable dans du gingembre et du piment), une salade verte, un couscous au mouton (avec du chou et des aubergines du château), des mangues dénoyautées (la saison commence !)

- Et ton régime alors ?

- Quand elle m’a remis la valise (verte) de Nicole, à CDG, Moura m’a dit que j’avais perdu « au moins » dix kilos depuis que nous nous sommes vus, l’année dernière, avec toi, à Valencia !

- Ça, c’était à CDG, douchka !

- Et elle dégoulinait même d’admiration !

- Oui sans doute !

- Non peut-être !

- Mais, dis-moi, depuis lors, à Nassogne, comment ça se passe ?

- A Nassogne, j’ai essayé, ce soir, de parler de mon régime à Gougoui.

- Et qu’a-t-il répondu ?

- Ceci, petite chérie, qu’on ne peut pas recevoir quelqu’un et le mettre au régime ?

- Tout ça n’est pas bien sérieux, douchka !

- D’accord, d’accord, d’accord. A mon retour sur terre, je t’autorise à m’acheter des caisses de soupe (grosses comme des sacs de ciment), des casiers de choux de Bruxelles et des conteneurs de tomates (même si, là-bas, ce n’est plus la saison). Tu es heureuse ? Tu m’aimes ? Et puis, cesse de me parler tout le temps de régime, on finirait par croire que tu fais de la politique !

Je me promène dans le parc et je rôde aux alentours d’une petite porte en bois, dérobée à la vue des clients, à moitié cachée par la végétation, située tout en bas du parc, près de la maison du vieux.

Blanche (comme une canne d’aveugle) (comme un suaire). Etroite (comme

- Je dois sans doute apprécier ton sens de l’image, douchka ?

- Tu m’aimes, non ?

une vierge).

- Bandecon !

Et fermée par un cadenas dont personne ne paraît avoir la clef.

Serait-ce la porte par où passe la jolie princesse qui, à la nuit tombée, va rejoindre son coquin (et se fait-elle piéger par le vieux d’à côté et tombe-t-elle dans la gueule de l’ogre et finit-elle par travailler dans les bordels de Jemelle ou de Rochefort) ?

Mawussi n’emprunte pas le petit portail blanc. Elle a peur de rencontrer des bâtons qui se transforment en serpent. Elle préfère franchir la grande barrière d’entrée et revenir à Badja par la route de terre. Fo Bomboma l’accompagne. Avec une lampe-torche. Jusqu’à la nationale.

On bat du tambour dans les environs. A Todomé ? Au Ghana ?

Des chauves-souris (un couple ?) (les chauves-souris vivent-elles en couple ?) se sont installées sur la véranda. Sous le toit. Ou, plus exactement, dans un tout petit réduit situé entre le toit et la poutre du fond (celle qui relie le coin de la bâtisse principale au coin de la véranda). Le vieux Kluvi n’est pas trop rassuré et

- Ce ne seraient pas des hiboux, par hasard ?

propose de faire appel aux services d’un oncle à lui qui est aussi chef vaudou et a l’habitude de traiter ce type de problèmes et pourrait placer quelque chose sous un arbre ou au pied du mur.

Gougoui part téléphoner dans sa chambre. Prendre des nouvelles de Nicole. Voir si ça roule.

- Et alors ?

- Ça roule ! Moura lui tient compagnie. Elles sont en train de manger.