lundi 26 avril 2010

A Nassogne - Le troisième jour

Didier de Lannoy
A Nassogne
sous-titré Presque un mois chez Gougoui Kangni
roman,
avec des personnages réels, se passant en un lieu précis, à une époque déterminée
2005-2006
Extraits

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Le troisième jour


Réveillé à sept heures. Pas emmerdé par un seul moustique (où se planquent-ils, ces salopards ?) (quelle pluie attendent-ils ?) (mais peut-être ont-ils été exterminés ?) (bombage, bombage, bombage… ou assainissement du site ?).

J’ai bien dormi. Gougoui a bien dormi. Kafui a bien dormi. Yao-le-cuisinier a bien dormi. Mawussi a bien dormi. Je n’ai pas encore vu Kossi, Yaovi et Kudjo.

- Et Fo Bomboma ?

- Il a pris congé aujourd’hui, petite chérie. Il est parti à Lomé. Voir sa femme. Il semblerait qu’elle soit enceinte. Tu m’aimes ?

Je me rase. Je m’examine de près les peaux molles du cou. Les suçons de Rachou

- Tu as besoin d’affection, Rachou ?

- Je n’ai pas besoin de ça. Je suis la fille préférée de mon papa, non ?

- Et qu’en pensent les autres, tes frères et sœurs, hein ?

commencent à disparaître. Personne ne m’a posé de questions. Discrétion ? Ou pense-t-on simplement que tu as voulu marquer la bête avant son départ pour Lomé ?

Petit déjeuner.

Le pain et le lard fumé, les rillettes et les confitures (de papaye, d’ananas, etc). La construction du premier four... Michel Dehoux et Odile Fabregoul du Tournant (premiers clients du gîte) (les clients « testeurs », les clients « goûteurs ») ont laissé

- Et le jambon ?

- Ça ne marche pas très bien… Limite, limite… Surtout pendant la saison des pluies… quand il fait trop chaud… Rapidement, des vers s’installent…

de très belles traces à Nassogne. Durables et toujours très appétissantes.

- Et hier soir, douchka qu’est-ce que vous avez mangé, Gougoui et toi ?

- Des bananes plantain grillées, du riz avec une « sauce » (une espèce d’épinards avec du mouton et du poisson fumé) (la rencontre de deux cultures, la terre et la mer, non ?), de l’ananas. Mais arrête de me parler tout le temps de bouffe (comme me dirait Djuna) ! Il y a trop de plats succulents et trop peu de moustiques perfides, le paludisme ne viendra pas à mon secours, la petite saison des pluies (et ses chaleurs) va bientôt se terminer, mon éducation m’oblige à manger (avec déférence et appétit) tout ce qu’on me propose, je suis condamné à prendre du poids ! Tu m’aimes ?

Ce matin, les canards sont de sortie. En file. Ils broutent.

- Et les poules, douchka ?

- Les poules aussi broutent, petite chérie.

Pit et Dog viennent me saluer. Où est Bull ? Je pars à sa recherche. Je finis par le retrouver près de la guérite du gardien (dont ce n’est pas encore « l’heure » et qui n’est pas là), à côté de la barrière d’entrée. Il s’est placé en sentinelle. De lui-même. Sans être attaché. Il aboie furieusement en me voyant venir (et pourtant je lui avais offert des arachides sucrées hier soir, non ?). Pit et Dog viennent voir ce qui se passe (prêter main forte à Bull ? se porter à mon secours ?). Je rentre.

Dégoûté.

Les trois chiens me suivent et se mettent à poursuivre un lézard. Lequel se réfugie à l’intérieur d’une sculpture d’Assou Kossi (alias Modesto). Près de l’ancienne maison de Fo Bomboma, la première bâtisse du site. Le lézard grimpe au sommet de la sculpture, passe une tête à l’extérieur et nargue la meute.

Dépitée.

Je dépose mon pantalon noir qui commence à poisser grave (après plusieurs jours de prestations diverses) (une fête que Judith a organisée avant qu’elle s’en aille avec sa sœur Béa dans une ville qui porte le nom d’un bar de la rue de la Croix) (le Buja !) (plus un voyage en train de la gare de Bruxelles-Midi à l’aéroport CDG) (plus un trajet en avion de Paris à Lomé, etc) (plus aussi peut-être, à moins que je me sois changé entretemps, la kermesse d’anniversaire de Rachou ?) (qu’elle avait fêté chez nous, une semaine avant) (le jour même de ma nouvelle année à moi, eh !) (écrirai-je combien ça m’en fait ?) (Rachou en avoue trente-trois) (dans l’ordre ou en ordre dispersé, elle arrive toujours au même résultat, ah !) et un T-shirt serpillière dans le panier à linge sale. Je lave moi-même deux slips. Aussi noirs et moites que le T-shirt et le pantalon

- Pourquoi noirs, duchkha ?

- Tu le sais bien, petite chérie, pour qu’on ne remarque pas les traces de freinage !

dont question ci-dessus. Et des paires de chaussettes dépareillées. Noires.

J’envisage même de prendre une douche.

- Noire ?

- C’est malin !

Je demande à Kafui s’il y a un couturier à Badja qui pourrait me réparer quelques vieux pantalons déchirés (auxquels je tiens obstinément à rester fidèle).

- Il y a un tailleur pas loin d’ici, au bord de la nationale. Il a cousu des affaires pour Philippe.

Gougoui se prépare à partir à Lomé. Des bonbonnes de gaz et des casiers de bière (et de boissons sucrées ?) à acheter. Des pizzas (préparées par Yao-le-cuisinier) et de la sauce bolognaise à livrer à des Canadiennes (d’origine italienne ?) qui travaillent dans un projet machin. Je lui demande de me trouver quelques journaux (quelles sont les nouvelles de Lomé ? se passe-t-il quelque chose d’important dans le reste du monde ?). Il me montre comment mettre (d’abord allumer la boîte de connexion, ensuite le transfo) et couper (d’abord fermer le transfo, ensuite la boîte de connexion) le courant produit par les panneaux solaires (tu sais comment tout s’embrouille dans ma tête, petite chérie, je prends note tout de suite !) (tout ce que je ne note pas sur le champ, je l’oublie sur le champ…). Mais, surtout, que Gougoui pense à me laisser la clef de la salle des machines (l’annexe ou l’office ?). Le lui rappeler avant son départ. Lui demander aussi si Nicole

- Son château, elle ne l’a pas eu en Espagne. Elle l’a maintenant au Togo. Et elle ne l’a pas volé ! Yéguééé…

- C’est une « feinte », ça ? Tu te fais plaisir, douchka ?

- Ben quoi, petite chérie…Ce que Gougoui et Nicole ont fait à Badja, ce château qu’ils y ont construit, ce village qu’ils y ont créé, c’est du bel ouvrage, non ? Et les aventures de Nicole et de Gougoui à Nassogne, ça vaut tout un roman, non ?

a téléphoné (ayant eu la délicatesse de se casser un pied et de se fouler l’autre pour me laisser seul au château avec mon beau-père) (houlà ! Ana va encore

- Djimakpla !

m’incendier !) et comment elle va et si tout baigne.

- Non, elle n’a pas encore téléphoné !

C’est mon deuxième jour à Nassogne et je n’ai pas encore bu de sodabi, ni de tchoukoutou, ni même du vin de palme ! Ce soir, il va falloir que j’envoie quelqu’un me chercher une bouteille ou une calebasse de quelque chose de sérieux à Badja ou dans les environs. Et je ne te dirai pas que j’ai mangé une grosse omelette ce midi. Tout seul (Gougoui était toujours à Lomé). Avec du piment. Même si, quelquefois, le piment me fait pleurer, je ne puis pas m’en passer. Comme toi.

- Comme moi, douchka ?

- Ben oui, petite chérie. Toi, c’est pareil ! Tu piques mais je ne suis pas capable de décrocher !

Jeudi, c’est ta journée de scrabble chez Alain et Françoise (et Arno), non ? J’attends que tu me téléphones (quel nombre de parties ? Marie-José ou Rachou sont-elles venues ? elles sont trop fortes et, apparemment, vous évitez toujours autant de les affronter ? qui a gagné ?). Je voudrais savoir également si Nadine (celle qui a décidé, une fois pour toutes, que ses rêves d’enfance devaient exister et qui sera toujours déterminée à les débusquer et à s’en emparer) part à Kinshasa, si tu m’aimes toujours, si le dossier de Princesse N’Gika avance. La totale, quoi !

La grande pluie d’hier est finalement tombée aujourd’hui. Vers 14 heures trente. Je lui dois du respect, à la pluie d’ici. Elle inquiète ou elle réjouit mais elle ne déprime personne. Je sors (sur la terrasse) la saluer. Quelle pluie tombe-t-il à Ixelles-Matonge ? Ici, la pluie est wagnérienne (de quoi bien arroser tous les insectes et tous les crapauds du canton) mais courte et, subitement, voilà qu’elle s’arrête. C’est alors que les poules et les canards se déchaînent. Tandis que les cactus continuent de prospérer sur une ancienne termitière.

- Les termitières désamorcées, c’est comme les volcans. On croit qu’elles dorment et puis, subitement, elles se réveillent !

dont on a arraché le coeur, arrondie comme un sein fabuleux (les termites ne bouffent pas le cactus ?) et que Nicole rêvait de transformer en parterre de fleurs douceâtres ?

Aujourd’hui, vers dix-huit heures, Le vieux Kluvi reprend son service. En uniforme de scout. Kluvi est le beau-père de Fo Bomboma. Il a plus de cinquante ans et il est encore scout (« scout un jour, scout toujours » ?). Toujours en activité. A quel âge, on arrête ces trucs-là (il faudrait que je demande à Jean-Marc, le copain de Claudine), à quel âge on placardise dans ce métier-là ?

La fille de Kluvi, qui est à présent, la femme de Fo Bomboma, a vécu de huit à dix-huit ans chez un couple d’Allemands (ou de métis togolo-allemands ?).

- Comme esclave ou bonne d’enfant. Ils l’ont même amenée en Allemagne mais ne l’ont jamais inscrite à l’école. Si bien qu’à dix-huit ans, elle ne savait toujours ni lire, ni écrire. Mais qu’est-ce qu’elle tchatche !

Gougoui est revenu de Lomé. La pluie ne l’a pas mouillé. Il m’a ramené des journaux (tous les journaux de Lomé !) et un tube de dentifrice. Il est parti se doucher. Ensuite il va travailler un peu, me dit-il (faire une sieste, non ?).

J’interroge Ana (qui ne m’entend pas mais me répond quand même) (les sourds détestent qu’on ne leur réponde pas) (surtout quand ils n’ont rien entendu)

- Je devrais aussi prendre une douche, petite chérie ?

- Tu devrais aussi, douchka !

Et j’essaie vainement de faire valoir mes arguments

- D’accord sur le principe, petite chérie, mais il faut néanmoins tenir compte du fait que l’eau et l’air ne sortent pas du même four et n’ont pas la même température ! Tu m’aimes ?

- Tu pues (comme je ne te dirai pas qui !), bandecon !

- Sale bouche, petite chérie !

Coup de klaxon. Une quatre fois quatre. Lui est en bermuda. Beau gosse. Cadre d’entreprise, pasteur ou fonctionnaire ? Elle est copieuse et juteuse. Elle porte une splendide robe. Longue et moulante. Rose bonbon. Une femme de poids. Nana Benz ? Mwasi ya kilo ? Je les observe par la fenêtre de ma chambre-bureau. Des clients pour un des quatre bungalows ?

Des éclairs. D’abord quelques grosses gouttes (on commence par donner la fessée à un tambour). Puis ça se met à castagner. Grave. La foudre frappe à gauche. La foudre frappe à droite.

- Queue d’orage, douchka ?

- Retour d’orage, petite chérie !

Et ça se remet à pleuvoir, pleuvoir, pleuvoir. Violemment (tu aurais aimé !) Les passions seront électriques ce soir. J’éteins mon ordinateur

- Mon nouvel ordinateur ou, plutôt, celui que tu m’as offert… Je commence, petit à petit, à le maîtriser… Déjà je sais (à force de tâtonner) que ce n’est pas sur la touche « Del », en haut à droite, que je dois appuyer pour le faire redémarrer mais bien sur une autre touche, plus en haut et plus à droite…

et je vais me doucher (mais je ne me laverai pas les cheveux avant demain matin !)

L’orage continue… Ana téléphone…Elle veut me faire passer à la chaise électrique... Je reste debout… Je réponds… Nerveusement…

Elle m’annonce qu’il n’y a pas eu de parties de scrabble ce jeudi.

- Parce que Hans a passé l’après-midi et la soirée du mercredi à la maison et que Françoise a téléphoné vers 8 heures trente du matin

- Françoise De Moor, petite chérie ?

- Françoise Lambinet. Elle voulait parler à Kabeya mais il était déjà parti à une de ses réunions. Vers huit heures

- Je ne vois pas le rapport … Mais, dis-moi, comment va-t-il, Kabeya ?

- Je ne le vois pas souvent. Il est toujours en réunion. Je sais qu’il est rentré quand il m’appelle dans l’escalier (Anaaa !) pour que je vienne lui faire le fufu

- Et qu’est-ce que tu lui as préparé à manger aujourd’hui ?

- Des madesu avec du makayabo.

- Et demain ?

- Demain, je lui sers un plat de poisson que Maddy Tiembe a cuisiné pour Tony. C’est Anne-Louise qui m’a apporté ça. Sans doute y en avait-il « trop beaucoup ».

- Mais tu devras quand même faire le fufu, petite chérie !

- E bongo !

- Tu pourrais demander à Djuna, non ? Il fait ça très bien.

- Je ne peux pas trop compter sur lui. Il est toujours très occupé. Surtout depuis qu’il « donne cours à l’université » !

- Et comment se porte la maman d’Alice ?

- Elle est rentrée à la maison. C’était (presque) une fausse alerte. Mais c’est (quand même) inquiétant.

- Et Papa Mpanu-Mpanu ?

- Il continue à bien se rétablir.

- Tu m’aimes ?

L’orage s’éloigne. Ana raccroche. Tout va bien. On s’occupe d’elle. Ana ne manquera jamais de maris de rechange. Je lui communique mon nouveau numéro de téléphone (Gougoui m’a prêté sa deuxième puce que j’ai placée sur le vieux portable que Vieux Stany Bodiewicz alias Dolenga nous a passé), un numéro direct.

- Tu as de quoi écrire ? C’est le 00–228–902.11.93

Le couple en quatre fois quatre est toujours là (mais pas dans un bungalow, je fantasmais comme d’habitude, ils s’étaient tout simplement installés sous la grande paillote en haut du parc).

Lui et elle causent. Elle et lui boivent. Seuls. Ils ne veulent pas qu’on les voie. Ils ne veulent pas qu’on les entende. Ils ne veulent pas de courant. Ils ne veulent même pas qu’on leur refile une torche. Ils n’ont besoin de rien. Quand ils auront envie de quelque chose, ils appelleront sur leur portable.

Et voilà que s’amène le CB (le Commandant-Brigadier de la Brigade Territoriale de la Gendarmerie Nationale du canton de Badja). Etait-ce seulement pour demander à Gougoui de lui recharger la batterie de son portable ? Il était déjà passé dans l’après-midi, avec un de ses « éléments », nous nous étions salués mais je ne savais pas encore qui il était. Et lui non plus ne savait pas qui j’étais. Une nouvelle tête dans le paysage, ça ne pouvait pas manquer de l’intéresser.

Gougoui me présente à l’adjudant..

- Voici Didier... C’est mon beau-fils, le mari d’Ana, une des filles de Nicole… Il est écrivain…

Nous buvons du vin de palme

- Le deha (dont on entendra beaucoup parler au cours de cette histoire…) !

tous ensemble (Gougoui m’avait bien compris, il avait « envoyé » quelqu’un là où il fallait, chercher ce dont le peuple avait besoin).

Tiens, le couple en quatre fois quatre a fini par s’en aller !

Pit et Bull

- que Kluvi appelle Pute et Bute

- Et Dog, comment l’appelle-t-il ?

- Dog est trop jeune. On ne l’attache pas et Kluvi ne doit pas l’appeler. Il n’en a pas encore la tutelle.

n’ont pas aboyé. Ni pour le couple en quatre fois quatre. Ni pour le CB. Sans doute ont-ils été « mis au coin » pour ne pas déranger.

A moins que Bull ne soit parti faire le tour des pièges à lapins (pas des collets, de vrais pièges, en métal, avec des mâchoires et des dents pointues!) posés par le vieux d’à côté. Si c’est le cas, le vieux ne sera pas de tout content ! Oui, mais le vieux envoie bien ses poules

- En fait, ce sont les poules de la deuxième femme du vieux. C’est elle qui gère tout ça. Pas le vieux. A la rentrée scolaire, elle en attrape une dizaine et va les vendre au marché de Badja, le mardi.

gratter le sol et picorer les vers et les insectes dans le parc, non ?

- On entre dans une mauvaise période pour les poules. D’abord ce sont les fêtes de nouvelle année. Et surtout la Noël. Et ensuite vient l’harmattan qui les décime. Mieux vaut les vendre ou les manger avant.

On a mangé quoi ? Du tchep. Avec du riz tomaté, des escargots de mer séchés (un sacré chewing-gum !) (ça ressemble à de la morcilla mais c’est dur comme du turron !) (heureusement que Constant vient de me recimenter les dents en porcelaine !) et du chou. Mais à la mode de Nassogne : le mouton ou le poulet remplacent le poisson. Qu’en penserait l’ambassadeur du Sénégal à Lomé ? Est-il déjà venu ici ?

- Celui du Gabon, oui ! Et il semblerait même, petite chérie, que Son Excellence ait beaucoup apprécié les lieux. Il a même écrit quelque chose sur le mur d’honneur. Mais dans une langue que Gougoui et moi ne connaissons pas. Et, si ça se trouve, on se goure totalement ? Et, peut-être, que les commentaires de l’ambassadeur ne sont pas du tout dithyrambiques ? Comment savoir ?

Ana me rappelle. Pas sur le fixe. Sur mon portable (le vieux Motorola de Vieux Stany).

- Tu ne dors pas encore, douchka ? Qu’est-ce que tu fais ?

- Je suis sur la terrasse et je bois du deha, petite chérie.

- J’essaie ton nouveau numéro. Je l’ai communiqué à tous les enfants… Et puis, j’avais oublié de te le dire tout à l’heure, André Ilunga Kabongo est effectivement mort… C’est officiel… L’information que Judith nous avait communiquée était exacte. J’ai reçu deux coups de fil me confirmantt la nouvelle. De Jean Omasombo et de Bruno Kasonga. Kabeya veut absolument aller au matanga. Ça se passe à Farciennes.

- Et toi ?

- Je me tâte. C’est loin, Farciennes. Du côté de Mons ou de Charleroi, je crois ? Mais je ne sais pas encore. Et que dois-je dire à Adolphine de ta part ?

- Tu l’embrasseras et tu lui diras que tu m’aimes !

- Que tu quoi ?

- Que je t’aime !

- Ça va comme tu veux, bandecon ? Je te retéléphonerai dans une semaine.

- Une petite semaine alors, petite chérie. Une semaine de trois à quatre jours seulement, d’accord ?